Jean-Denis MULLER ( 1989 – Informatique et Intelligence Artificielle)

Jean-Denis MULLER
Promo 1989Informatique et Intelligence Artificielle

Coordonnées (linkedin): https://www.linkedin.com/in/jeandenismuller

1989 – ONERA : Scientifique du contingent
1990 – IBM : Chercheur doctorant
1993 – CEA : Ingénieur-chercheur puis chef de projet
2005 – CEA : Chef de laboratoire puis responsable programme
2010 – Human Diag : Entrepreneur
2012 – ONERA : Directeur de département
2015 – Veolia Recherche & Innovation : Directeur de département
2019 – Veolia : Directeur de l’innovation de la filiale travaux publics
2022 – Le Réseau des Carnot : Directeur général


Pourquoi l’ENSICAEN ?

Au début des années 80, lorsque j’étais lycéen, sont apparus sur le marché les premiers ordinateurs personnels. Je me suis rapidement passionné pour le codage et je me suis mis à développer des programmes informatiques résolvant les problèmes de mathématique, physique ou chimie qui s’y prêtaient. J’ai découvert l’intelligence artificielle à cette époque mais j’étais loin de me douter que cela allait structurer tout mon parcours. Le choix de l’ENSICAEN, dont le cursus était généraliste en première année puis permettait de choisir une filière intelligence artificielle, était donc une évidence pour moi. De plus, un DEA en intelligence artificielle avait été créé à Caen à cette époque (le quatrième en France après Paris, Grenoble et Toulouse, si je me souviens bien) : j’ai été diplômé de la deuxième promotion, en 1989.

Comment résumeriez-vous votre parcours professionnel ?

C’est très simple : une succession d’opportunités saisies à chaque fois que je le pouvais, en suivant le fil rouge de l’IA. Je suis d’un naturel curieux, avec une tendance entrepreneur qui me pousse à tenter des choses qui me paraissent a priori hors de portée. Cela permet de progresser car l’échec est très formateur, et aussi de vivre des situations exceptionnelles et passionnantes.
À l’époque, pour un jeune ingénieur en IA, le graal n’était pas de rejoindre Google ou Facebook (sociétés qui seront créés respectivement 9 et 15 ans plus tard), mais plutôt le leader mondial incontesté de l’époque, IBM. J’avais le souhait de démarrer ma carrière dans l’industrie, et après avoir profité pendant trois ans du climat vivifiant de la Normandie, j’avais un fort besoin de soleil : fin 1988, j’ai donc posé ma candidature pour un stage ingénieur chez IBM, qui avait à l’époque des équipes de recherche à Montpellier et à la Gaude, près de Nice. Quelques mois après, je rejoignais le Centre Européen de Compétence en IA hébergé dans l’usine de production IBM de Montpellier, où j’ai ensuite préparé ma thèse de doctorat en mathématiques appliquées après mon service national effectué à l’Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales, à Meudon.
Quelques années plus tard, je rejoignais le CEA pour travailler sur des systèmes intelligents embarqués pour le spatial… Je suis resté dans ce véritable temple de l’innovation pendant 18 ans avant de tenter l’aventure de l’entrepreneuriat, puis de rejoindre l’industrie après une nouvel étape à l’ONERA, cette fois comme directeur de département à Toulouse et Paris-Saclay.

En quoi consiste votre activité professionnelle actuelle ?

J’ai récemment rejoint, comme Directeur général, l’Association des instituts Carnot. L’AiCarnot fédère les laboratoires de recherche français les plus engagés dans la recherche partenariale, c’est-à-dire la R&D réalisée au bénéfice des entreprises : 20% des effectifs de la recherche académique réalisant 55% de la recherche partenariale (+ de 500 M€ de chiffres d’affaires) et publiant 30% des articles des revues de rang A. Cela démontre qu’excellence scientifique et transfert de technologies vers l’industrie sont des concepts non seulement compatibles, mais se renforçant mutuellement.
Notre mission est d’animer ce réseau de 35 000 professionnels de l’innovation Deep Tech et d’aider les laboratoires à professionnaliser leur relation avec les entreprises afin de mettre en phase leurs propositions avec les besoins actuels et futurs du marché. Il est complexe, dans notre monde régulièrement envahi de nouveaux concepts à la mode, de faire entendre la voix raisonnable des chercheurs, qui œuvrent avec ténacité, avec des constantes de temps propres à chaque discipline, à la préparation du monde de demain sur des bases scientifiques et technologiques solides. Je n’ai pas besoin d’argumenter sur l’importance stratégique de cette activité…
Communication interne et externe, formation au marketing stratégique, organisation d’événements internes propices au partage de bonnes pratiques, relations avec les parties prenantes (industriels de toutes tailles et de tous secteurs, organisations professionnelles, directions des grandes entités de recherche, monde politique…) et organisation du plus important salon professionnel de l’innovation (les Rendez-vous Carnot) sont le quotidien de mon équipe, avec le défi supplémentaire d’innover dans nos propres pratiques : c’est la voie que nous ouvrons en ce moment.

Quelle est votre plus belle réalisation ?

La réalisation dont je suis le plus fier est la création et le développement d’un laboratoire d’intelligence artificielle au CEA LIST (labellisé institut Carnot dès 2006). Cela a constitué une aventure extraordinaire, avec une équipe engagée, positive et performante, qui a généré – et dû gérer – une hyper-croissance de plusieurs années. J’ai la satisfaction, 15 ans après le début de cette aventure, de voir les jeunes chercheuses et chercheurs que j’avais embauchés à l’époque prendre des responsabilités de plus en plus importantes au CEA ou dans l’industrie et, probablement, perpétuer cet esprit conquérant et pionnier que nous avions collectivement développé.

Qu’est-ce-qui vous motive dans la vie ?

L’innovation, c’est-à-dire rendre concrètes et opérationnelles de nouvelles idées, pour une cause qui en vaut la peine : le progrès humain.

Avez-vous un conseil à donner aux jeunes ENSICAENnais ?

Aller se frotter au monde, poser des questions, sortir des silos dans lesquels pourraient parfois nous enfermer nos vies professionnelles, rechercher la nouveauté utile, respecter et essayer de comprendre le point de vue de l’autre, faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.

Quel souvenir de votre passage à l’Ecole vous a le plus marqué ?

La victoire au tournoi inter-ENSI 1989, à Bordeaux ! J’entraînais les équipes de hand-ball de l’école, et notre équipe féminine a remporté le tournoi. Une belle histoire, beaucoup d’entraînement, une grande complicité et un zeste de chance ont permis d’aboutir à ce magnifique résultat.

Quel conseil auriez-vous souhaité recevoir en tout début de carrière ?

Un grand innovateur a dit : « Si vous pouvez le rêver, vous pouvez le faire ». J’ajouterais : « à condition de savoir réunir une équipe autour de vous, d’être solidaire et de ne jamais rien lâcher ! ».

Vous aimerez aussi...